A vos plumes à l’expo

Traductions, puis variations

Il s’agit de traduire en mots des peintures exposées. Qu’on aime on non, peu importe. On entre dans l’univers qu’elles nous proposent.

Deux manières sont possibles : ou bien on se pose devant une peinture à laquelle on est sensible, et on y reste, ou bien la relation à ces peintures s’instaure dans la succession, et la rythmique de la déambulation. On passe et repasse.

Dans un cas comme dans l’autre, on prend le temps qu’il faut. Jusqu’à sentir qu’on y est, qu’on est en relation. On traduit alors en mots. Pas ceux de la description, du commentaire ou du jugement : « le bleu domine, c’est magnifique … », pas non plus ceux des sentiments : « je suis touché, je déteste ». On laisse la place, et les mots disent quelque chose d’équivalent à ce qui est là dans le monde des lignes, formes et couleurs, ils traduisent ce climat.

Ce peut être très concret, même sur une peinture abstraite. Et il peut y avoir, pour une même peinture, plusieurs traductions successives, correspondant à plusieurs regards qu’on y porte.

Il n’y a aucune contrainte de longueur. La traduction d’une même image peut-être très courte, ou très longue.

Ensuite, les variations Nous partons de la forme musicale Thème et variations. Le thème a quelque chose de commun avec chaque variation mais chaque variation ouvre un espace de liberté, avec des écarts, des fioritures, des développements. On choisit un extrait des « traductions », de préférence plutôt court, et l’écriture des variations permet de l’explorer. Les variations ouvrent, déplient , déploient. On creuse, c’est de l’eau qui tourbillonne dans la phrase, la distend, l’allonge, la travaille … On ne perd jamais le thème… Plus concrètement, c’est peut- être autour d’un mot, avec un mot et ses sonorités que va s’ouvrir une variation, ou bien en utilisant les parenthèses, ou encore des incises. Les seuls impératifs sont de commencer par exposer le thème, et finir, après les variations, en réexposant ce même thème. Et de numéroter les variations.

A l’origine de cette proposition les propos de Tardieu sur la traduction : il estimait impossible la véritable traduction d’une langue à l’autre et tout particulièrement en poésie.

La seule traduction possible, pour lui, passe d’un art à l’autre. D’un tableau à une musique, par exemple, ou à de la danse. il y a continuité. L’émotion est traduite autrement.

Baudelaire disait aussi : «Les parfums, les couleurs et les sons se répondent»

Laisser un commentaire