Un étroit chemin de terre serpente au milieu des fougères qui roulent en vagues vers la mer.
Elle s’assoit sur un parterre d’herbes sèches, cherchant avant tout le calme intérieur, antichambre de son écriture.

Une légère brise surgie de l’océan vient effleurer son visage. Elle scrute loin, au-delà de la ligne d’horizon : ses amies les mouettes sont absentes, des îlots d’écume frissonnent çà et là. Doit-elle se fier à cette quiétude apparente ? A peine a-elle le temps d’y réfléchir qu’une baleine surgit, ouvre sa gueule et l’engloutit. Puis le ventre du cétacé l’accueille en ses monts tendres et chauds. Elle s’y love.

« Ma chambre noire de l’écriture enfin ! » se murmure-t-elle. Son imagination coule, met au monde des mots, des phrases dansant leur vie, des images romanesques, effervescentes, singulières … comme une tresse qui se dénoue et la délivre de ses préjugés. C’est elle, à elle ce voyage initiatique dans d’insondables profondeurs. Quand la baleine l’aura recrachée, elle, singulière adolescente, saura dire, chanter, des histoires légendaires conçues dans un ventre mystérieux.

Bénédicte B, Locquirec, À la suite des contes et légendes (juillet 2022)