La Fée du Cimetière

Erzélie, belle dame aux longs cheveux blancs
Erzélie, tu me souris.
Tu souris à tous ceux qui passent auprès de toi
On te voit de loin quand on pousse la grille du cimetière,
Mais d’où viens-tu toi, Erzélie ?
Tu te déplaces bien légèrement dans les larges allées
En portant un lourd arrosoir qui ne te pèse pas.
Aérienne comme ta blanche chevelure
Qui s’envole au vent d’ouest
Quand revient le temps des bourrasques,
Tu caracoles entre les tombes
Et grâce à toi, l’espace frémit.
Je te vois toujours penchée sur les pots
les jardinières et même
les vilaines dalles de béton gris.
Tu leur parles, n’est-ce pas ?
Tu essaies de les apprivoiser…

« Apprivoiser les fleurs ? Quelle idée !
Mais non bien sûr !
Je parle aux défunts enfouis
Invisibles sous la terre »

À la tombée de la nuit, ils te répondent par leurs feu-follets.
De pâles lueurs font briller comme une auréole
Ta couronne de cheveux magiques
Car tu es là, bien sûr, aussi le soir
Pour rassurer et consoler ceux qui n’ont pas reçu les fleurs de la vie.

Tu es la fée du cimetière
On ne sait pas où tu habites
Si tu es une vivante ou une revenante.
Tu sembles tellement sereine dans ton rôle de gardienne,
Tellement joyeuse…et pourtant si mystérieuse.
Personne ne t’a jamais vu parler, on ne connaît que ton sourire.

Tu t’appelles Erzélie, comme ma grand-mère
Enfin, je t’appelle ainsi
Mais quand tout cela finira-t-il ?


Élisabeth L, Locquirec, À la suite des contes et légendes (juillet 2022)

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